Trump VS les géants du barreau : L’empire contre attaque

En mars 2025, l’administration du président Donald Trump a lancé une série de mesures sans précédent visant plusieurs des plus prestigieux cabinets d’avocats des États-Unis, notamment Paul, Weiss, Rifkind, Wharton & Garrison LLP (Paul Weiss) et Skadden, Arps, Slate, Meagher & Flom LLP (Skadden). Ces actions, perçues comme des représailles contre des entités jugées hostiles à l’administration, ont suscité une onde de choc au sein de la communauté juridique américaine elles sont perçues comme un abus de pouvoir contre l’État de droit.

Paul Weiss : une capitulation controversée

Le 14 mars 2025, le président Trump a signé l’Executive Order 14237, intitulé « Addressing Risks from Paul Weiss ». Ce décret ordonnait la suspension des habilitations de sécurité des employés de Paul Weiss, la révision des contrats gouvernementaux avec le cabinet et restreignait l’accès de ses avocats aux bâtiments fédéraux. Les motifs invoqués incluaient les politiques de diversité du cabinet et l’implication passée de l’ancien associé Mark Pomerantz dans des enquêtes visant le président.

Face à ces mesures, Paul Weiss a rapidement négocié un accord avec l’administration. Le cabinet s’est engagé à consacrer 40 millions de dollars à des services juridiques pro bono soutenant des initiatives de l’administration, à revoir ses politiques de diversité et à publier une déclaration critiquant les actions de Pomerantz. En échange, le décret exécutif a été annulé. Cette capitulation a été largement critiquée dans le milieu juridique, certains y voyant une atteinte à l’indépendance de la profession.

Skadden : une négociation préventive

Skadden, également dans le collimateur de l’administration, a choisi une approche proactive. Anticipant un décret similaire à celui visant Paul Weiss, le cabinet a entamé des négociations avec la Maison-Blanche. Un accord a été annoncé, selon lequel Skadden fournirait des services juridiques pro bono d’une valeur de 100 millions de dollars pour des projets soutenus par l’administration, évitant ainsi l’émission d’un décret à son encontre.

Réactions et implications pour la profession juridique

Ces actions présidentielles ont provoqué des réactions diverses. Certains cabinets, tels que WilmerHale et Jenner & Block, ont choisi de contester légalement ces décrets, arguant de leur inconstitutionnalité. Des juges fédéraux ont temporairement bloqué certaines de ces mesures en attendant des décisions judiciaires définitives.

La communauté juridique s’inquiète des implications de ces actions pour l’indépendance de la profession. La soumission de cabinets de renom aux exigences de l’exécutif soulève des questions sur la capacité des avocats à opérer sans ingérence politique.

Une attaque contre l’État de droit et un abus de pouvoir manifeste

Les mesures adoptées par l’administration Trump à l’encontre des grands cabinets d’avocats américains constituent une atteinte grave à l’État de droit et illustrent un abus de pouvoir manifeste. En ciblant des cabinets tels que Paul Weiss et Skadden pour leur implication passée dans des enquêtes ou des actions judiciaires le concernant, le président utilise l’appareil d’État pour régler des comptes personnels, ce qui érode les principes fondamentaux de la démocratie américaine.

Ces actions s’apparentent à une tentative d’intimidation visant à dissuader les avocats de représenter des clients ou de prendre des positions contraires aux intérêts du président. En suspendant les habilitations de sécurité, en révisant les contrats gouvernementaux et en restreignant l’accès aux bâtiments fédéraux pour les avocats de ces cabinets, l’administration cherche à exercer une pression indue sur la profession juridique. Cette instrumentalisation du pouvoir exécutif pour cibler des adversaires perçus constitue une menace directe pour l’indépendance de la justice et le droit à une défense équitable.

De nombreux experts juridiques et associations professionnelles ont dénoncé ces mesures comme étant inconstitutionnelles et contraires aux valeurs démocratiques. Ils soulignent que ces actions créent un précédent dangereux, où le pouvoir en place peut utiliser les leviers de l’État pour sanctionner ceux qui osent le défier ou le critiquer. Cette dérive autoritaire risque d’avoir un effet dissuasif sur les avocats, compromettant leur rôle essentiel de contre-pouvoir et de défense des droits et libertés des citoyens.